Rechercher des ancêtres juifs en France est un exercice de généalogie particulier, qui peut s’avérer fastidieux si l’on ne dispose pas de sources ciblées. Si vous souhaitez retracer l’histoire d’une famille juive ayant vécu sur le territoire français, découvrez ici les clés et ressources généalogiques à exploiter pour bien avancer.

L’Histoire des juifs de France

Pour commencer une généalogie sur une famille juive qui a vécu en France, il est important de connaître l’histoire des juifs de France. En effet, les généalogistes informés sur l’histoire d’un peuple peuvent se repérer plus facilement et plus rapidement à travers les époques, ce qui leur permet également de chercher les documents d’archives au bon endroit. L’histoire des juifs de France est vaste, certaines dates sont indispensables à connaître pour comprendre l’évolution géographique de la population juive à travers la France et dans les autres pays.

À l’époque gallo-romaine, les premiers juifs sont arrivés en France. Pour ce peuple, le Moyen Âge a été une période compliquée et mouvementée, avec de nombreuses persécutions et expulsions.

Le 17 septembre 1394, Charles VI promulgue l’Édit de bannissement à l’égard des juifs. Ce qui mit un terme à 1 000 ans d’installation juive sur le royaume de France. Seules certaines régions n’ont pas été concernées par cette expulsion massive, comme l’Alsace, la Lorraine, la Bourgogne, ou encore, la Provence.

En 1789, après un retour progressif de la population juive en France (l'édit de bannissement n’ayant jamais été révoqué), le royaume compte près de 40 000 juifs (pour une population française totale de 25 millions d’habitants). Avec une répartition principalement ciblée sur 4 régions, appelées les « 4 nations » :

  • l’Alsace avec 20 000 juifs ashkénazes ;
  • la Lorraine avec 8 000 juifs ashkénazes ;
  • le Sud-Ouest avec 5 000 juifs marranes, chassés d’Espagne ou du Portugal, arrivés en Guyenne et en Gascogne avec des statuts privilégiés ;
  • Le Comtat venaissin, avec 2 500 juifs vivant dans des ghettos à Avignon, Carpentras, Cavaillon et l’Isle-sur-Sorgue.

Notes :

  • À cette période, certaines familles juives provenant de ces 4 régions ou de l’étranger venaient également vivre en région parisienne ou à Rouen.
  • Au XVIIIe siècle, la population juive de France conserve sa liberté de culte, contrairement aux protestants. Cependant, à cette époque, les juifs ne pouvaient pas posséder de terres ni en cultiver, et les métiers liés à la justice et à la médecine leur étaient interdits.

En 1790, Louis XVI reconnaît les juifs de France comme Français.

En 1791, la population juive française obtient la citoyenneté à part entière et obtient le droit de partir librement des régions qu’elle avait occupées jusque-là. Cette émancipation des juifs a lieu en Europe et dans le monde, cependant, c’est en France, au début de la Révolution française, qu’elle a lieu en premier. Cette nouvelle liberté a démarré avec l’édit de tolérance de Joseph II d’Autriche en 1781, qui, dans son texte, autorise la liberté de culte aux protestants et aux juifs.

Sous l’Ancien Régime, les familles juives ne portaient pas systématiquement des noms de famille fixes.

En 1808, Napoléon ordonne aux juifs (par le décret de Bayonne) de choisir des prénoms et des patronymes permanents.

Après la Seconde Guerre mondiale, les juifs d’Afrique du Nord sont rapatriés en France. Pour retracer les généalogies de familles juives ayant vécu en Algérie, il est possible de remonter jusqu’au XIXe siècle, car le pays fut un département français. Pour le Maroc et la Tunisie, les recherches généalogiques sont en revanche plus compliquées.

Les archives disponibles pour les Juifs en France

Crypte au mémorial de la Shoah à Paris
Crypte au mémorial de la Shoah à Paris

Pour effectuer des recherches généalogiques sur des familles juives de France, il existe différents types d'archives. Le généalogiste doit orienter ses fouilles selon l’époque à laquelle ses ancêtres juifs ont vécu, mais également, en fonction de l’origine géographique de la famille.

Grâce au portail interministériel « France Archives », le public peut trouver les références de nombreuses archives conservées par le service public. Ce moteur de recherche permet aux chercheurs en généalogie d’élargir les recherches dans toute la France métropolitaine.

L’association Cercle de généalogie juive accompagne les individus dans leur quête généalogique, les conseille sur les types d'archives à cibler pour avancer sereinement dans la création d’arbres généalogiques d’une famille juive et propose l’accès à des bases de données régulièrement alimentées.

L’association Genami conseille les débutants en recherche généalogique. Elle offre des revues trimestrielles sur l’histoire des juifs de France et dispose d’une bibliothèque d’archives et d’une base de données avec des renseignements sur plus de 250 000 personnes. L’association propose également un forum international permanent d’échanges et de données, un réseau mondial de correspondants, ainsi qu’une assistance personnalisée aux recherches. De nombreuses informations sur les juifs ashkénazes et sur les Juifs séfarades y sont disponibles.

Le mémorial de la Shoah est un musée consacré à l'histoire juive au moment de la Seconde Guerre mondiale. Des ateliers, des commémorations, des expositions, des rencontres, des témoignages, des visites guidées et de nombreux autres événements commémoratifs y sont organisés. Le site du mémorial de la Shoah fait également office d’un Portail du Centre de la Documentation du Mémorial de la Shoah et propose des recherches avancées de personne ou de collectivité juive.

Les sites de généalogie comme FILAE ou MyHeritage permettent de trouver des documents d’archives d’état civil de personnes juives, d’autres documents nécessaires en généalogie et des informations clés concernant l’histoire des familles juives de France. MyHeritage est aussi particulièrement intéressant pour retrouver ses ancêtres juifs et ses cousins à travers le monde grâce à la richesse de ses collections sur les familles juives.

Le décret de Bayonne sur les noms de famille en 1808

Napoléon 1er
Napoléon 1er

Le 20 juillet 1808, Napoléon 1er signe le décret de Bayonne, avec pour politique d’obliger chaque juif de France, installé ou arrivant sur le territoire, à porter un nom de famille fixe et définitif et à le déclarer à la mairie. Voici les trois premiers articles du décret :

« ART. 1er.

Ceux des sujets de notre Empire qui suivent le culte hébraïque, et qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu de nom de famille et de prénom fixes, seront tenus d’en adopter dans les trois mois de la publication de notre présent décret, et d’en faire la déclaration par-devant l’officier de l’état civil de la commune où ils sont domiciliés. »

« ART. 2

Les Juifs étrangers qui viendraient habiter dans l’Empire, et qui seraient dans le cas prévu par l’article 1er seront tenus de remplir la même formalité dans les trois mois qui suivront leur entrée en France. »

« ART. 3

Ne seront point admis comme noms de famille, aucun nom tiré de l’Ancien-Testament, ni aucun nom de ville. Pourront être pris comme prénoms, ceux autorisés par la loi du 11 germinal an XI. »

Ce décret a généré la création de registres qui constituent une source indispensable dès 1808 pour tout chercheur en généalogie juive. Ces registres de prise de nom des juifs, conservés par les Archives départementales, sont très intéressants pour le généalogiste, car ils recensent également des données sur l’état civil ou sur la profession des individus juifs.

Les sources disponibles pour les recherches sur la Shoah

Les archives et sources disponibles pour les recherches sur la Shoah

La Shoah, expression qui signifie littéralement « catastrophe » ou « anéantissement » en hébreu, porte également le nom d’Holocauste. La Shoah désigne l’extermination massive de juifs, qui a eu lieu durant la Seconde Guerre mondiale à l’initiative de l'Allemagne nazie. Cette catastrophe a causé la mort de plus de 5 millions de juifs, soit 40 % de la population juive mondiale.

Pour retracer l’histoire d’une famille juive qui a vécu en Europe entre 1939 et 1945, il est important de connaître les archives disponibles sur la Shoah. Pour cela, le chercheur peut se référer au portail national des Archives et consulter les Archives départementales du Cantal, où l’inventaire des Sources de l'histoire de la Shoah et de son contexte historique est référencé. Aussi, le Portail du Centre de la Documentation du Mémorial de la Shoah permet d’effectuer des recherches sur les individus et sur les collectivités juives durant l’holocauste.

Le guide « Retrouver un ancêtre juif » est également un appui considérable pour une généalogie juive. Il aide les généalogistes à s’orienter et à consulter les bons documents, puis il offre une présentation de l’histoire du peuple juif, de ses communautés, tout en détaillant les archives disponibles concernant la Shoah.

Archives Juives
Archives Juives

L’importance des sources pour les recherches généalogiques juives

Toute personne qui entreprend des recherches généalogiques est confrontée à de multiples interrogations et reste parfois sans réponse. Avoir des ancêtres juifs, protestants, militaires, ou même issus de colonies anciennes, est source de questions et implique que chercheur soit méthodique et organisé dans sa quête.

Pour retracer l’histoire d’une famille juive, il est indispensable de trouver les sources fiables et de consulter les archives au bon endroit. L’histoire des juifs en France a été plus que mouvementée, pour cela, tout chercheur se doit de la connaître pour se repérer dans le temps et pour comprendre les diverses migrations du peuple juif. Selon les époques, le généalogiste doit adapter ses recherches et diversifier ses sources.

Note : il s’avère très fastidieux de remonter au-delà de 1800 dans une généalogie juive.

Les sites de généalogie à consulter

Pour avancer rapidement dans une généalogie juive, certains sites en ligne sont incontournables.

Les sites des associations de généalogie :

  • Le Cercle de généalogie juive, qui comporte de nombreux fichiers en ligne, aide les généalogistes dans leurs recherches et, entre autres, partage des conférences. Cette association propose également des rendez-vous en physique.
  • Genami, une association dédiée à l’entraide en généalogie juive, qui dispose d’un forum dynamique et animé, permettant aux adhérents d’échanger et de s’entraider.

Les Archives du Bas-Rhin, où sont conservés les registres de prise de noms des juifs.

Les sites spécialisés pour les échanges avec des forums de discussion :

  • JewishGen, un site en anglais qui permet de rentrer en contact avec la communauté juive à l'international. En prime, le site dispose de fichiers d’archives et d’un moteur de recherche par patronyme ;
  • Le Mémorial de la Shoah, site consacré à l'histoire juive sous l’occupation allemande et à travers le génocide juif ;
  • Yad Vashem, Centre mondial de mémoire de l'Holocauste et École internationale d'études sur l'Holocauste, est un site complet avec de nombreuses informations sur les juifs du monde entier et disposant de millions de noms de victimes de la Shoah.
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