Rechercher des ancêtres protestants en France

Pour rechercher des ancêtres protestants en France et pour créer son arbre généalogique avec les archives françaises, tout chercheur est confronté à des recherches plus spécifiques que pour une généalogie catholique. Pour retrouver des membres d’une famille protestante, il convient de prendre en compte certains aspects spécifiques de la recherche généalogique pour les protestants en France, et ce, avant de démarrer ses recherches. Pour avancer sereinement dans une généalogie avec des ancêtres protestants, les points suivants doivent être intégrés par le généalogiste.

L’histoire du protestantisme en France

Les familles protestantes ont traversé les siècles en étant les cibles de conflits catholiques du royaume français. Aujourd’hui, on compte près d’un million de protestants en France et le protestantisme est la troisième religion pratiquée sur le territoire, après le catholicisme et l’islam. La religion protestante est toutefois inégalement répartie selon les régions. En cause ? L’histoire mouvementée du peuple protestant français depuis le XVI^e siècle.

En 1559, Jean Calvin organise l’Église réformée et crée des paroisses protestantes. Les rois de l’époque (Henri II, puis Charles IX) ne sont pas partisans de cette réforme et maintiennent leur religion catholique, qu’ils imposent au peuple du royaume français. Les protestants convertis et réformés deviennent des sujets persécutés.

En 1598, Henri IV (ancien protestant converti au catholicisme) accède à la couronne et promulgue l’édit de Nantes. Les registres de naissance, mariage et décès sont alors autorisés aux protestants. Ces droits ont été révoqués par Louis XIV en 1685. Pour les généalogistes, il est difficile de trouver des registres sur la période allant de 1559 à 1685, car ils ont été en majeure partie détruits ou perdus.

De 1685 à 1787, les enfants protestants sont généralement baptisés par les prêtres et les actes de baptême de l’époque peuvent être trouvés par les chercheurs en généalogie dans les registres paroissiaux. Concernant les mariages, les prêtres n’en célèbrent quasiment pas sur cette période, les couples se marient clandestinement devant des pasteurs, c’est ce que l’on appelle les mariages « au Désert ». Des contrats de mariage peuvent être trouvés aux archives notariales. Pour les décès, aucune cérémonie catholique n'était tolérée par les protestants. Au moment de l’enterrement, les décès sont enregistrés dans « l'hérésie de Calvin ».

Dès 1736, le juge royal doit être informé des décès des protestants. Les généalogistes peuvent trouver des déclarations de décès de protestants sur la période qui va de 1737 à 1787.

De 1787 à 1792, les naissances, mariages et décès des protestants sont enregistrés sur des registres de réhabilitation. Il est possible d’en trouver des traces aux Archives départementales ou aux Archives communales.

En 1802, le protestantisme est réparti en deux principaux types d’églises : les églises luthériennes et les églises réformées.

Aux XIX^e et XX^e siècles : de nouvelles dénominations évangéliques en provenance d’Angleterre ou des États-Unis apparaissent, comme le baptisme, le pentecôtisme, ou encore, l’adventisme. Ces courants évangéliques représentent aujourd’hui environ un tiers des protestants français.

En 1905, les protestants français sont intervenus dans le vote de la Loi de séparation des Églises et de l'État. C’était en effet l’occasion pour eux d’acquérir une égalité de droits avec le reste du peuple français. C’est à l’arrivée de période républicaine que les protestants ont vu leur statut devenir égalitaire avec les autres Français.

À noter :

Les « huguenots » est le nom donné aux protestants du royaume de France et de Navarre au XVI^e siècle.

De nos jours, le protestantisme est représenté par la Fédération protestante de France.

Le protestantisme est issu historiquement de la tradition calviniste, avec Jean Calvin comme fondateur. Il existe également une branche luthérienne, répandue majoritairement dans l’est de la France.

Les grandes dates et événements clés

L’édit de Nantes

Avril 1598 : l’édit de Nantes, un édit de tolérance, est promulgué par le roi de France Henri IV. Cette décision est prise pour stopper les guerres de religion qui inondaient le royaume français depuis 1562. Cette nouvelle loi permet aux protestants d’acquérir des droits religieux, civils et politiques dans certaines régions du royaume. L’édit a été signé et scellé à Nantes, d’où son nom. Une copie du texte datée de 1598 est disponible à la Bibliothèque de Genève.

La révocation de l’Édit de Nantes

18 octobre 1685 : l’Édit de Nantes est révoqué à Fontainebleau par le roi Louis XIV. Le Roi-Soleil interdit en effet toute religion autre que la religion catholique dans son royaume, contrairement à son grand-père Henri IV qui avait autorisé les protestants à exercer la religion protestante en France dès 1598.

La minorité protestante subit alors de plein fouet l'édit de Fontainebleau et se voit interdire toute pratique de sa religion. L’émigration des protestants est alors illégale et les pasteurs protestants ont l’obligation de quitter le royaume ou de se convertir au catholicisme. De nombreux protestants quittent alors la France pour aller se réfugier ailleurs. Ceux qui restent se convertissent, mais beaucoup d’entre eux continuent de se réunir dans des assemblées protestantes clandestines.

Les registres spécifiques des protestants

L'importance des registres spécifiques aux protestants dans les recherches généalogiques

Retrouver ses ancêtres protestants est une tâche qui peut s'avérer complexe, principalement sur certaines périodes de l’Histoire. Entre 1685 et 1787, après la révocation de l’édit de Nantes, les protestants ont vécu leur religion de manière clandestine et les archives, les actes d’état civil comme ceux de baptême, de mariage, de décès ou d’autres documents utiles pour une recherche généalogique, sont très difficilement accessibles. Pour les chercheurs, il convient de cibler des registres spécifiques, comme ceux du « Désert » ou ceux d’archives d’autres pays (pays du refuge), pour retrouver des traces de protestants exilés par exemple.

Retracer l'histoire d'une famille protestante demande de connaître un minimum d’informations la concernant pour chercher au bon endroit et dans les bons registres. En effet, les chercheurs doivent pouvoir distinguer si la famille est issue d’une branche luthérienne ou réformée. Pour rappel, au début du XVI^e siècle, Martin Luther, un moine allemand, a proposé une réforme de l'Église catholique. C’est ainsi que l’Église luthérienne est apparue en Allemagne et en Alsace.

Les protestants alsaciens, en majorité luthériens, ont gardé cet attachement à l’Église luthérienne, même après leur rattachement au royaume de France.

Pour créer une généalogie avec des ancêtres alsaciens et protestants, des registres paroissiaux tenus par des pasteurs sont disponibles. La difficulté à anticiper est la langue, car ces registres sont majoritairement rédigés en allemand et composés de lettres gothiques. Des transcriptions ont été réalisées par des associations généalogiques et sont disponibles au public.

Pour avancer sereinement dans une généalogie composée d’ancêtres protestants, les bases à connaître sont importantes, notamment concernant l’histoire géographique de la famille et ses éventuels exils. Pour se repérer dans les recherches et fouiller au bon endroit, dans les bons registres, les familles descendantes de protestants ont tout intérêt à se munir d’archives personnelles en priorité, puis d’établir une stratégie de recherche.

Les types de registres disponibles et comment ils peuvent être utilisés

Les registres disponibles pour créer une généalogie protestante sont variés. Ils sont à consulter de manière réfléchie selon les époques de recherche. Les registres de l'état civil protestant en France depuis le XVI^e siècle jusqu'à nos jours sont dispersés entre les secteurs public (Archives nationales, départementales, communales, judiciaires, hospitalières, etc.) et celles du secteur privé (consistoriales, particulières, etc.). Cette grande diversité d’archives et de lieux de conservation peut rendre une recherche d’ancêtre fastidieuse. Il convient alors de vérifier les sources et d’avancer pas à pas pour réussir sa généalogie protestante.

Pendant les périodes d’exclusion de protestants de France, de nombreuses destructions de temples ont eu lieu. Des protestants ont quitté le royaume, d’autres se sont convertis au catholicisme. Pour les membres d’une famille protestante convertie, le culte a généralement été pratiqué en secret et les documents d’ordre civil et religieux les concernant se trouvent probablement dans des registres catholiques et dans les archives diocésaines.

Aux époques où le protestantisme était proscrit en France :

les enfants de confession protestante étaient baptisés par l’Église catholique contre l’accord de leurs parents ;
les défunts étaient inhumés avec une mention inscrite sur les registres de sépulture précisant qu’ils étaient protestants ;
les mariages entre protestants étaient établis uniquement devant un notaire, par un simple contrat de mariage.

En 1685, des listes d’abjuration sont établies recensant les protestants convertis. Aussi, des registres avec des noms d’enfants retirés de parents protestants sont rédigés. Les enfants étaient ensuite éduqués catholiquement par leur famille d’accueil, en raison du doute porté sur leur famille biologique concernant leur conversion.

Pour retrouver des membres d’une famille protestante ayant vécu en France, il est également possible de consulter des registres comme :

ceux des amendes pénalisant les personnes peu assidues aux offices catholiques ;
les registres d'inventaires de biens confisqués au peuple fuyant la France ;
les registres de prisons conservés aux Archives départementales ;
les registres de galères disponibles aux Archives de la Marine.

Le 29 novembre 1787, le roi Louis XVI promulgue l’édit de tolérance, qui permet d’apaiser certaines restrictions envers les protestants, surtout concernant les enfants. Celui-ci prévoyait l’enregistrement d’actes de personnes réformées sur les registres civils de tous les Français. Ces registres constituent donc également une source intéressante pour les généalogistes.

En 1792, la création de l’état civil français permet à toute personne (peu importe sa religion) d'être inscrite sur les registres officiels. Cela met fin aux manques d’enregistrements concernant la population protestante.

Les autres sources de recherche disponibles

Il existe des sites en ligne pour aider les chercheurs à créer un arbre généalogique avec des ancêtres protestants, comme celui de la Société de l'Histoire du Protestantisme français où une bibliothèque de documents sur les familles protestantes est disponible, celui des archives cultuelles, ou encore, le dictionnaire des familles protestantes du Poitou.

Des bases de données enrichies sur les protestants français sont également mises à disposition du public, comme :