Les prénoms jouent un rôle essentiel dans la construction de l'identité de nos ancêtres, mais ils peuvent également être une source de confusion et de difficultés lorsqu'il s'agit de retracer leur histoire. Ce guide mettra en lumière les défis spécifiques liés à l'utilisation des prénoms dans les recherches généalogiques, et fournira des conseils pratiques pour surmonter ces obstacles.
Les prénoms : traditions et homonymes
Le mot “prénom” est dérivé du latin “prænomen”. Le terme désigne dans la Rome antique, un nom placé avant le nom de famille qui permet de distinguer les individus. Il apparaît dans l'encyclopédie Diderot et D'Alembert. La loi du 20 septembre 1792 change le nom de baptême en prénom. La loi du 11 Germinal An XI (1er avril 1803) du Premier Consul Napoléon Bonaparte, quant à elle, encadre les prénoms.
En France, il était courant de donner aux enfants des prénoms en l'honneur de leurs grands-parents, arrière-grands-parents ou autres membres de la famille. Cette tradition vise à maintenir un lien avec les générations précédentes et à perpétuer les noms de famille. C’est pourquoi il n'est pas rare de trouver plusieurs homonymes au sein d'une même famille, ainsi qu’une faible diversité de prénoms dans le pays.
Des traditions influencées par différentes tendances historiques, religieuses et culturelles
Avant la Révolution française, la plupart des enfants étaient baptisés avec des prénoms en référence à des saints catholiques. Cela a conduit à une grande répétition de prénoms populaires, tels que Pierre, Jean et Marie. Des situations d'homonymie courantes qui rendent difficile la distinction des individus dans les registres paroissiaux.
Ces traditions subsisteront fortement jusqu'à la Première Guerre mondiale. La Révolution exhume les anciens prénoms latins tels que César ou Brutus, lui préférant d'autres comme Marceau ou Églantine. Le succès ne sera que très bref.
L'orthographe des prénoms : une source de complexité
Avant le 19e siècle, l'orthographe des prénoms en France était souvent flexible et variant. Il n'y avait pas de standardisation stricte et les prénoms étaient souvent écrits phonétiquement, ou selon la préférence personnelle de l'individu ou de l'officier d'enregistrement des naissances. Par conséquent, vous trouverez certainement plusieurs variations orthographiques d'un prénom durant vos recherches.
Les registres paroissiaux, les actes de naissance, de mariage ou de décès peuvent contenir différentes formes d'un prénom au fil des générations.
Les variantes de prénoms
Comme les noms de famille, les orthographes des prénoms changent d’un acte à l’autre. Une lettre est ajoutée ou supprimée (un t ou deux) et on écrit phonétiquement (o ou au). Outre les variations orthographiques, il existe également des variantes de prénoms. En effet, un prénom peut parfois disposer de plusieurs équivalents ou dérivés.
Prenons l'exemple du prénom "Jean". Avant le 19e siècle, on pouvait le trouver écrit de différentes manières, telles que "Jehan", "Jehann", "Johan", "Joan", "Jehan", "Johan", ou même "Jeanson". Ces variantes dépendaient souvent de la région, du dialecte local ou des préférences personnelles.
Un autre exemple est le prénom féminin "Marie". Il était courant de trouver des variantes comme "Mari", "Marye", "Maria", "Mariee" ou "Marri". Isabelle peut également être appelée “Isabeau” ou “Elisabeth”.
Bon à savoir : certains prénoms ont évolué, notamment au niveau du genre. Pour preuve, “Anne” n’était pas seulement un prénom féminin comme aujourd'hui, il était aussi porté par des hommes.
Prénoms de naissance vs prénoms usuels
Une autre difficulté fréquente dans les recherches généalogiques concerne les prénoms de naissance ou de baptême qui diffèrent du prénom usuel.
Il était courant que les individus utilisent un prénom différent de celui inscrit dans leur acte de naissance ou de baptême. Par exemple, “Marinette” peut être le diminutif de “Marie Félicia”.
De même, une personne appelée “Louise” peut en réalité être née sous le prénom de “Marie Louise”. C’est pourquoi elle est nommée “Louise” au quotidien, c'est son prénom usuel. Lors d’un recensement, lorsque l’agent demande à l’individu son prénom, elle répondra logiquement “Louise” au lieu de “Marie”, son prénom de baptême.
L’apparition d’un deuxième prénom
L’apparition d’un deuxième prénom complique un peu plus la situation. En général, un seul prénom est donné à chaque nouveau-né, jusqu'au XVIIe siècle. À partir de 1840, les parents commencent à choisir un deuxième, voire un troisième prénom pour l'enfant. Ainsi, l'enfant devenu adulte utilise souvent le dernier, et non pas le premier prénom de son état civil.
Changements dans l'ordre des prénoms
Il convient également de noter que l'ordre des prénoms peut changer d'un acte à l'autre, lorsqu'il y en a plusieurs.
Nos ancêtres n’utilisaient pas toujours leur prénom officiel, ou dans le même ordre. Ainsi, une personne nommée “Jean Pierre Baptiste” peut être mentionnée dans un document sous le nom de “Jean Pierre”, tandis que dans un autre document, elle peut être appelée “Baptiste Jean Pierre”.
Autre exemple, “Jean Jacques Marie” peut devenir “Jacques Jean Marie” dans un autre acte. On peut donc se demander si Jacques était son prénom usuel, ou non.
La recherche généalogique avec les prénoms peut être difficile en raison des homonymes, de l'évolution de l'orthographe, des variantes de prénoms, des différences entre les prénoms de naissance et usuels, ainsi que des changements dans l'ordre des prénoms.
Nos conseils pratiques pour surmonter ces difficultés :
Soyez conscient des variations :
Gardez à l'esprit que les orthographes des prénoms et des lieux peuvent avoir changé au fil du temps. Soyez ouvert à l'idée que vous pouvez rencontrer différentes orthographes pour une même personne ou un même endroit.
Prenez en compte le contexte historique et familial :
Renseignez-vous sur les conventions d'orthographe utilisées à l'époque et dans la région où vous effectuez votre recherche. Explorez les prénoms des membres de la famille élargie pour identifier les schémas de nomination récurrents.
Utilisez des techniques de recherche flexibles :
Lorsque vous effectuez des recherches en ligne ou dans des archives, utilisez des termes larges et des variantes orthographiques. Si vous recherchez le prénom "Catherine", essayez aussi "Caterine" ou "Catarine". Utilisez des astérisques (*) ou des caractères génériques pour prendre en compte les variations possibles.
Élargissez votre recherche géographique :
Les lieux voisins ou les régions similaires peuvent avoir des orthographes légèrement différentes. Consultez également les anciens noms de lieux, car ils peuvent avoir changé au fil du temps.
Utilisez des sources multiples :
Les documents familiaux, les registres paroissiaux, les recensements, les actes et les journaux peuvent tous fournir des variations d'orthographe différentes. Comparez et recoupez les informations pour obtenir une image plus claire.
Collaborez avec d'autres chercheurs :
Participez à des forums en ligne, rejoignez des groupes de généalogie ou utilisez des sites de généalogie pour partager vos informations et demander de l'aide. D'autres chercheurs peuvent avoir rencontré des variations similaires ou avoir des conseils spécifiques pour votre région ou votre famille.
Parcourez les sites de généalogie :
Ils sont très utiles pour gérer les variations d'orthographe. Ils permettent de faire des recherches dans des bases de données en utilisant des critères flexibles. Sur des sites comme Filae, vous pouvez saisir plusieurs orthographes pour un même individu, créer des notes et des commentaires pour enregistrer les variantes rencontrées. Servez-vous aussi du principe de numérotation pour vous y retrouver plus facilement.
Pour approfondir sur la recherche généalogique par prénom :
- Les prénoms autrefois, de Filae
- Les prénoms de nos ancêtres, de Filae
- Quels prénoms pour nos aïeux ? Une affaire d'héritage..., de MyHeritage
- Prénoms de l'enfant : point sur les dernières évolutions, de Dalloz Étudiant